En guise de cadeau de Noël, Kenza Sahed, élève de Terminale générale au lycée des Bruyères à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), a reçu une « Obligation de quitter le territoire français » délivrée par la préfecture de Seine-Maritime. La réponse a sa demande de régularisation déposée quelques mois auparavant.
Un cruel hasard du calendrier dont a le secret l’administration française qui lui a littéralement coupé les jambes : « Lorsque j’ai ouvert le recommandé à la Poste, que j’ai vu les mots Refus et Obligation de quitter le territoire français, je ne pouvais plus bouger. J’étais comme figée. Je me disais : pourquoi moi ? ».
Pourquoi elle ? C’est exactement la question que se sont posée ses professeurs à son retour dans l’établissement lorsqu’elle leur a annoncé la nouvelle, pleine d’angoisse. « C’est une excellente élève, motivée, très investie. Elle fait partie de notre atelier Sciences-Po pour préparer le concours d’admission à Sciences-Po Paris », énumère Patrick Lopes, professeur documentaliste au sein du lycée.
« L’année dernière, elle a même remporté avec d’autres élèves le concours Euroscola, initié par le Parlement européen. On ne comprend pas comment elle pourrait mieux s’intégrer », poursuit Patrick Lopes. En prime, Kenza est également bénévole au sein du Secours populaire.
«J’essaie de me concentrer sur mon bac»
Alors, avec quelques collègues, il a décidé de constituer un comité de soutien et de lancer une pétition en ligne, mise en lumière en début de semaine par le quotidien « Paris-Normandie ».
Rapidement, les camarades de Kenza relaient eux aussi cet appel qui dépasse déjà les 4 000 signatures en seulement cinq jours. Des élus locaux, comme Luce Pane (PS), la maire de Sotteville-lès-Rouen, et Nicolas Mayer-Rossignol (PS), maire de Rouen et président de la Métropole Rouen-Normandie, ont eux écrit officiellement au préfet pour lui demander de réexaminer la situation administrative de l’adolescente de presque 19 ans, arrivée chez des proches à Rouen à l’été 2018 en provenance d’Algérie où ses parents résident toujours.
« Je ne pensais pas avoir autant de soutien », assure Kenza. « Ça m’aide beaucoup à m’accrocher et à poursuivre mes études. J’essaie de me concentrer sur mon baccalauréat même si c’est un peu dur ».
Epaulée par Réseau éducation sans frontière (RESF), elle a déjà prévu de déposer un recours devant le tribunal administratif. Mais face à cette mobilisation, le préfet, tout en indiquant que la jeune fille était restée en France de façon illégale, après l’expiration de son visa touristique, a décidé de lui accorder un titre de séjour à titre exceptionnel. Ce qui devrait lui permettre de passer son baccalauréat et de poursuivre son rêve, celui de devenir journaliste.