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Choisy-le-Roi : Emmaüs sort le grand jeu pour sa nouvelle friperie solidaire

Paris n’a plus qu’à aller se rhabiller. Samedi, c’est Choisy-le-Roi qui va faire de l’œil aux amateurs de friperies avec l’ouverture d’une nouvelle boutique à deux pas du centre-ville, particulièrement soignée. Elle a été conçue par l’association la Friperie solidaire, qui collecte 300 tonnes de textile chaque année. Membre du mouvement Emmaüs, elle est née dans le Val-de-Marne il y a près de 20 ans. À Alfortville plus précisément, où l’Abbé Pierre a passé les dix dernières années de sa vie jusqu’à son décès en 2007, à 94 ans. C’est la première fois qu’une telle boutique ouvre à Choisy-le-Roi. La raison : l’opportunité d’acquérir l’ancien centre de tri de la Poste située avenue Léon-Gourdault pour y transférer son atelier de Maisons-Alfort.

Quatorze postes ont été créés à l’occasion du transfert de l’atelier de Maisons-Alfort à Choisy-le-Roi et de l’ouverture d’une nouvelle boutique. La Friperie Solidaire

Quatorze postes créés

Un bâtiment si grand qu’il a aussi permis à la Friperie solidaire d’y créer une nouvelle boutique, un espace de 113 m2. « On essaie de monter une marche », explique le codirecteur de l’association Ludovic Vasseur. Quatorze postes ont été créés à cette occasion. Car l’association qui pense « que la mode peut se conjuguer avec circulaire et solidaire » est un chantier d’insertion depuis 2008. De la même manière que l’association Rejoué à Vitry, elle essaie de remettre le pied à l’étrier à des personnes en difficulté, touchées par des problèmes psychosociaux, familiaux, de santé, de logement. Beaucoup viennent de villes où il y a des centres d’hébergement.

C’est le cas de Nadia, dont les yeux se remplissent de larmes quand on lui demande où elle vit. Partie d’Algérie, elle n’a eu d’autre choix que de laisser ses enfants derrière elle pour trouver un emploi. Elle loge pour l’instant dans un centre d’hébergement et de réinsertion sociale, espérant les faire venir en France quand sa situation sera plus stable. Cela fait un an qu’elle a un contrat avec la Friperie solidaire, qui assure ce suivi pour une durée maximum de deux ans. Avant l’association, elle explique qu’elle n’était « nulle part ». « Depuis que je suis ici j’ai aussi appris à faire de la menuiserie, de la peinture », raconte-t-elle, et le sourire reprend le dessus.

Rien ne se perd

Elle est l’une de ces nombreuses femmes seules avec enfant(s), qui représentent 70 % des personnes embauchées par la Friperie solidaire. Ce matin-là, à part Gontran qui est en train de trier de la vaisselle, il n’y a effectivement que des femmes au sein de l’atelier. Concentrées sur les tâches qui permettent de transformer les dons de vêtements et objets donnés par des entreprises, des particuliers, en vente : la chasse aux tâches, à l’usure, le repérage de défauts. Une « équipe couture » s’occupe de faire des retouches. Ce qui n’est pas gardé par la Friperie solidaire représente 50 à 60 % des dons. Au final, tout est revalorisé par une autre branche d’Emmaüs, avec de la vente au poids par exemple.

Une équipe couture s’occupe de faire des retouches sur les vêtements collectés. LP/Fanny Delporte Fanny Delporte

C’est ce centre de tri qui « nourrit » les Friperies solidaires situées à Alfortville et à Paris, rue Chaligny et rue Oberkampf ainsi que la Ressourcerie de Villejuif. Elles ont rouvert progressivement ces dernières semaines, « mais c’est très calme », constate la codirectrice l’association Marie-Océane Bretagnolle. Comme partout ailleurs, il s’est écoulé de longs mois avant que l’association ne puisse reprendre son activité. En raison du Covid, son centre de tri a été mis à l’arrêt, ses boutiques fermées. « Nous avons été durement frappés en 2020, relate Ludovic Vasseur. C’était très compliqué pour les salariés », qui ont continué néanmoins à être suivis. L’association a pu reprendre en insistant sur le fait qu’elle accueille des personnes en difficulté. L’ouverture de la boutique de Choisy, repoussée, est donc attendue depuis un long moment.

Limitée pour l’instant à une jauge de 14 personnes, la boutique contient d’innombrables objets, sacs, foulards, vêtements, y compris pour enfants. LP/Fanny Delporte Fanny Delporte

Des prix « très accessibles »

« On l’a conçue à la manière d’un cabinet de curiosités », raconte Guillaume Audebert, responsable du centre de tri, qui travaillait auparavant pour une grande marque de vêtement. Les salariés du site y ont participé. Une partie s’occupera d’ailleurs de la vente, après avoir été formée dans les autres friperies. Limitée pour l’instant à une jauge de 14 personnes, elle contient d’innombrables objets, sacs, foulards, vêtements, y compris pour enfants. Comme les autres magasins, elle vend aussi la propre marque de l’association, le Labo de l’Abbé. Les prix, variables, sont dans tous les cas « très accessibles ». « On essaie de répondre à une clientèle très large », explique Guillaume Audebert. En hauteur au-dessus des portants, de la décoration et des vêtements disposés à la manière d’une exposition donne à la pièce un certain cachet. Et c’est ce qui en fait la boutique la plus « scénarisée » du réseau. Un vent de fraîcheur qui pourrait bien être reproduit ailleurs.

Au 1, rue de la Poste (à l’angle de l’avenue Gourdault). Du mardi au samedi de 10h45 à 14 heures et de 15 heures à 19 heures. Plus d’infos : www.lafriperiesolidaire.com.