La cour d’assises de Seine-et-Marne, à Melun, juge à partir de ce lundi – et durant trois jours – Amadou Kane, pour tentative d’assassinat. Cet habitant d’Emerainville âgé de 26 ans est jugé pour avoir tiré un coup de feu qui a bien failli être mortel, le 1er décembre 2018.
La balle avait traversé le corps de Mehdi, de part en part du thorax. C’est un miracle si cet homme de 30 ans a survécu à ses blessures : aucun organe vital n’a été touché, même si la balle est passée tout près du cœur. La victime avait quitté l’hôpital le jour même !
Il est un peu plus de minuit, cette nuit-là, quand les policiers du commissariat de Noisiel se rendent dans le quartier de l’Arche-Guédon, à Torcy, pour un homme blessé par arme à feu. Lorsqu’ils arrivent, une vingtaine de personnes sont rassemblées autour de Mehdi, allongé sur le sol, une plaie saignante au thorax.
L’auteur du coup de feu, encore sur place, est roué de coups par un groupe de jeunes. La patrouille de police – qui essaie de l’extirper – doit faire appel à des renforts. Il s’agit d’Amadou Kane, un étudiant en alternance dans le secteur bancaire, dont le casier judiciaire arbore six condamnations : il est tellement ivre – son alcoolémie se monte à 2,06 g d’alcool par litre de sang – que les fonctionnaires vont devoir attendre, avant de lui notifier ses droits et de le placer en garde à vue.
Deux versions antagonistes et pas de confrontation
L’enquête de police ne sera pas simple, les nombreux témoins ayant pris la fuite. Lors de son audition, Mehdi raconte un drame en deux temps. Une première altercation aurait opposé deux groupes de jeunes aux abords de l’épicerie. Il aurait essayé de séparer les uns et les autres. Une demi-heure plus tard, l’accusé serait revenu avec une arme à feu et lui aurait tiré dessus à moins d’un mètre de distance. Un des amis de l’accusé aurait de son côté fait usage de gaz lacrymogène.
C’est une tout autre version que livre Amadou Kane aux policiers, puisqu’il assure avoir fermé les yeux au moment du tir. Ce soir-là, il avait bu un litre de whisky. La victime lui aurait, selon ses dires, porté des coups au moment de la première altercation. L’accusé serait revenu en compagnie de trois amis sur les lieux avec une arme qu’il pensait factice, pour « régler le différend à l’amiable ». Il aurait récupéré ce pistolet – jamais retrouvé par les enquêteurs – dans une cache, à Emerainville.
En raison de l’état de stress post-traumatique de la victime, il n’a pas été possible d’organiser une confrontation entre les deux hommes au cours de l’instruction. L’accusé, qui comparaîtra détenu, encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
