Où se déroulera la Copa America ? Et surtout, aura-telle bien lieu ? Rien n’est sûr aujourd’hui. L’organisation de la compétition qui débute dans deux semaines (13 juin – 10 juillet) a été attribuée au Brésil lundi après les retraits des co-organisateurs argentins et colombiens pour raisons sanitaires. Mais sous une pluie de critiques, le gouvernement a annoncé le soir-même que rien n’était encore définitif. La confusion règne. « Il n’y a rien d’arrêté pour le moment, je tiens à le préciser très clairement. Nous sommes au milieu du processus. Mais nous n’allons pas nous dérober face à cette demande s’il est possible d’y répondre », a déclaré le secrétaire du gouvernement, Luiz Eduardo Ramos, à Brasilia. Il a de plus énoncé des conditions: un huis clos total ainsi que des délégations restreintes et toutes vaccinées. Selon lui, une « position définitive » serait prise ce mardi.
Plus tôt, le vice-président brésilien Hamilton Mourao avait pourtant justifié un choix qui comporte « moins de risque ». « L’avantage, c’est la taille de notre pays et le nombre de stades. On peut répartir les matchs sur tout le territoire », avait-il dit. Selon le président de la Conmebol (confédération sud-américaine de football), Alejandro Dominguez, le Brésil « possède l’infrastructure éprouvée et l’expérience accumulée et récente », avec la Coupe du monde 2014 et la Copa America 2019, dont il est le tenant du titre, , « pour organiser une compétition de cette ampleur ».
Une avalanche de critiques est cependant venue s’abattre, dans la foulée, de la part d’épidémiologistes, estimant que le tournoi « va contribuer à la recrudescence de la pandémie », et de membres de l’opposition annonçant vouloir saisir la Cour suprême pour faire annuler le tournoi, dont les villes-hôtes n’ont pas encore été définies. « L’Argentine a refusé la Copa America en raison de l’aggravation de la pandémie. Là-bas, le nombre moyen de décès au cours des sept derniers jours a été de 470 personnes… Ici, il a été de 1 844. Quatre fois plus. Voilà à quoi ressemble un gouvernement assassin », a réagi Marcelo Freixo, député d’opposition du Parti socialisme et liberté (gauche) sur Twitter.
Initialement, la Copa America devait se jouer un an plus tôt, co-organisée pour la première fois par deux pays, la Colombie et l’Argentine, avant d’être reportée par la pandémie. La Colombie a brandi la carte du Covid-19 pour masquer la fronde sociale dans le pays et a demandé il y a dix jours un report de la compétition que lui a refusé la Conmebol. Puis l’Argentine a renoncé lundi à accueillir seule la compétition car « la situation épidémiologique nous en a empêchés », a expliqué le chef du gouvernement argentin, Santiago Cafiero alors que le pays bat des records de contamination quotidiens.
L’Argentine traverse la période la plus critique de la pandémie avec plus de 41 000 personnes infectées en 24 heures jeudi dernier, un record. Dans ce contexte, 70% des Argentins se sont dits opposés à l’organisation de la Copa America, selon un sondage publié vendredi, même si les autorités avaient prévu de mettre en place un protocole sanitaire strict, en limitant notamment la taille des dix délégations. Certains joueurs, et non des moindres, commençaient eux à mettre en doute la pertinence de la tenue du tournoi. « Je suis frappé par le fait que la Copa America se joue malgré la situation actuelle », a lancé Luis Suarez, tout juste sacré champion d’Espagne avec l’Atlético Madrid, de retour en Uruguay pour disputer les 3 et 8 juin deux matchs de qualification pour la Coupe du monde 2022 au Qatar. Son compatriote Edinson Cavani (Manchester United) a pointé « une terrible irresponsabilité » tandis que son capitaine Diego Godin a demandé « des garanties et la tranquillité d’esprit pour tous » les participants.
Le Brésil affiche le deuxième bilan le plus meurtrier au monde après les Etats-Unis, et seulement 11% de la population a reçu deux doses de vaccin.
