Et si on laissait tranquilles les espaces verts ? A Senlis, on veut tondre moins mais mieux
Des herbes hautes parsemées de fleurs, des papillons, des oiseaux qui se chamaillent au milieu de cette végétation revigorée… La scène ne se déroule pas au beau milieu d’une forêt de l’Oise mais bien sur la grande pelouse de la Gâtelière, située au centre du quartier éponyme de Senlis.
Ici, comme au sein d’autres sites de la ville, la nature a retrouvé ses droits depuis plusieurs semaines, dans le cadre d’une nouvelle gestion de ces espaces verts urbains. Désormais, on pratique la tonte tardive à Senlis. Un procédé écologique aux multiples vertus, qui peut surprendre au premier abord.
« La névrose de la tonte rase est une aberration »
« C’est une méthode qui consiste à tondre une fois sur trois, voire sur cinq, par rapport au planning de tonte normale, explique-t-on au service Espaces verts de la ville de Senlis. Cette pratique présente de nombreux avantages comme favoriser la présence de pollinisateurs, éviter le tassement des sols qui engendre le dessèchement et le manque d’absorption des pluies, préserver les oiseaux et les insectes, garder l’eau dans les sols pour un arrosage moins fréquent et réduire la pollution des tondeuses… »
Visuellement, les lieux retrouvent vite un aspect plus rustique de prairie, qui donne du relief aux espaces ainsi préservés. « C’est même très joli de l’herbe haute par endroits, ça donne un petit air de campagne », souligne Edwige, une habitante.

« C’est un excellent choix de gestion pour la biodiversité, estime Grégory, amateur de nature. Cette méthode permet de remettre en place les équilibres des écosystèmes. La névrose de la tonte rase est une aberration. » Laquelle garde encore quelques adeptes, nostalgiques d’un gazon coupé court et digne d’un parcours de golf.
« Cette herbe non tondue, ça donne un aspect sale et négligé, sans parler des insectes nuisibles comme les tiques », râlent quelques habitants du quartier du Val d’Aunette et de la Gâtelière. Quant aux déchets abandonnés par les pollueurs, la hauteur de l’herbe n’a malheureusement rien changé : papiers, canettes et masques usagés sont justes un peu moins visibles qu’avant.

Pour les jeunes amateurs de foot, il a fallu aussi trouver un autre terrain de jeu puisqu’à la Gâtelière, la hauteur de l’herbe rend le terrain impraticable pour le ballon rond. De petits chemins ont toutefois été aménagés pour serpenter au milieu des zones non tondues qui, après une phase d’observation, devraient s’enrichir de fleurs sauvages qu’ajouteront les services de la ville aux endroits où le besoin se fera sentir.
Des zones de tonte tardive sont ainsi expérimentées depuis plusieurs mois dans différents quartiers de la ville ainsi que dans le parc écologique, le poumon vert de Senlis d’une superficie de 7 hectares.