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Procès Bygmalion : «Il fallait faire rentrer 3 litres d’eau dans une bouteille d’un litre», image Jérôme Lavrilleux

Oui, Jérôme Lavrilleux, l’homme clé du dossier, reconnaît à la barre du tribunal de Paris sa participation au « financement illégal » de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 bien qu’a minima – « Je n’ai pas établi les factures ». Oui, il a « accepté » le système de fraude qui a permis d’escamoter 20 millions d’euros de surplus de dépenses du compte officiel du candidat sur un total de 42,8 millions d’euros. Mais il n’en n’aurait été avisé qu’après le 2e tour du 6 mai, à l’heure de la défaite, quand seuls « restent les ploucs de service », dit-il – quand l’accusation estime que les premières opérations frauduleuses datent de la mi-mars. Pour le reste, l’ex-bras droit de Jean-François Copé à l’UMP et directeur adjoint de la campagne en charge des meetings louvoie, parfois ambigu, tout en chargeant le « clan Sarkozy ».

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Maintes fois, en vain, la présidente de la 11e chambre revient à la charge avec cette question laissée sans réponse par l’instruction : qui a décidé du système de ventilation entre la société Bygmalion et l’UMP ? Est-ce lui ? « C’est le fruit d’une décision collective qui dit : On ne peut pas faire autrement », élude-t-il. « Il fallait faire rentrer 3 litres d’eau dans une bouteille d’un litre et demi », image-t-il.

Guillaume Lambert dans le viseur

« Je ne savais pas qu’on allait dans le mur. Je ne savais pas mi-mars qu’on allait terminer à 44 meetings. On a tous saigné dans ce climat d’exaltation : plus on en fait, plus on remonte dans les sondages », dit-il au fil de son interrogatoire, en parlant d’une « dinguerie de campagne ». « Proposer des comptes sincères ? Inenvisageable ! », affirme-t-il, en calculant que le montant à rembourser par le candidat aurait alors atteint les 30 millions d’euros.

À plusieurs reprises, dans ses réponses, Jérôme Lavrilleux désigne le préfet Guillaume Lambert, soit l’ancien directeur de campagne de Nicolas Sarkozy – qui ne peut lui être confronté, étant absent au procès ce jeudi pour raisons médicales. C’est lui qui l’aurait informé du système de fraude ; lui qui a « directement » remis à Sarkozy les notes d’alerte des experts-comptables – qu’il n’a « jamais vues ». Puis il s’emporte : « Cela fait sept ans qu’on se focalise sur Jérôme Lavrilleux et Guillaume Lambert. Les décisions stratégiques ne se prenaient pas là mais à l’Elysée », dit-il, avant d’égrener les noms de tous ceux alors susceptibles de s’y trouver. « Et après la note d’alerte du 7 mars, on nous a demandé de faire un meeting par jour ! », s’énerve-t-il, avant de poser lui-même cette question : « Qui décidait des meetings ? Le président de la République ! »