Collégien poignardé à Reims : un garçon de 14 ans mis en examen pour tentative de meurtre et incarcéré
Il ne passe pas encore son brevet qu’il dormira déjà en détention. Un adolescent de 14 ans, suspecté d’avoir très grièvement blessé au couteau un camarade de collège, à Reims, a été mis en examen pour « tentative de meurtre sur mineur de 15 ans », a indiqué le parquet. Il a été placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet.
Mercredi aux alentours de midi, l’adolescent mis en cause aurait donné rendez-vous dans une rue de l’hypercentre à la victime pour en découdre. En quelques secondes, il l’a frappé d’un coup de poing puis d’un coup d’Opinel à la tempe. Les jours de la victime, âgée également de 14 ans, étaient toujours en danger vendredi, le cerveau ayant été touché.
Les deux adolescents sont scolarisés dans des classes différentes de 4e du collège lycée privé Saint-Joseph de Reims, un établissement huppé de la ville. Aucun n’a d’antécédent judiciaire. « II n’a exprimé aucun regret durant les 48 heures de garde à vue, ni de mot de compassion envers la victime et sa famille. Il n’a pas pleuré ni demandé aucune nouvelle de sa famille », a rapporté le procureur de la République de Reims, Matthieu Bourrette, en conférence de presse.
Il avait exhibé son couteau dans un clip de rap
L’agresseur présumé aurait fait l’objet d’insultes après avoir diffusé mi-mai sur le réseau social Instagram un clip de rap, « l’une de ses passions », qu’il avait tourné. « Ce clip où il était vu notamment en train de jouer avec le même couteau que celui utilisé pour l’agression. La diffusion de ce clip lui avait valu d’être victime de moqueries de la part de plusieurs de ses camarades et notamment de la part de la victime depuis environ 15 jours, ce qu’il avait eu du mal à supporter. Il l’avait insultée via le réseau Instagram, mais la victime n’avait pas répliqué », a détaillé le procureur.
Il s’est défendu d’avoir prémédité de s’en servir. Selon le mis en cause, les deux s’étaient déjà battus lundi au sein de l’établissement, à mains nues, et la victime aurait eu « le dessus ». Entendus, ses parents ont décrit un fils « gentil, réservé », qui aurait connu plusieurs situations de harcèlement dès l’école primaire. Ils avaient déposé une main courante un an plus tôt, suite à un différend alors que leur fils était dans un collège public. Selon le procureur, « l’intéressé a eu beaucoup de difficulté à s’intégrer » à Saint-Joseph.
Sa mère a expliqué aux responsables du collège qu’elle se sentait dépassée par son fils et avait choisi avec son mari de l’inscrire dans un établissement privé en septembre 2020 pour qu’il soit davantage encadré malgré le sacrifice financier que cela représentait.
Une camarade avait filmé l’agression
Après l’agression, une collégienne du même âge avait aussi été placée en garde à vue, pour « happy slapping » – le fait de filmer l’agression physique de quelqu’un -, un élément constitutif de la complicité des faits de violences aggravées.
Sa garde à vue a été levée jeudi et « aucune charge n’a été retenue contre elle », a indiqué le procureur, « le délit de happy slapping n’existant juridiquement pas lorsque l’on filme un homicide ou une tentative d’homicide ». Il a toutefois précisé avoir mis en place « une mesure d’investigation afin d’apprécier si une mesure d’assistance éducative devait être envisagée » à son égard.
Ses parents, a-t-il indiqué, ont fait part de « menaces sur les réseaux sociaux » la visant depuis les faits. « Je n’hésiterai pas à ouvrir une enquête et à engager des poursuites pénales s’il faut en passer par là pour retrouver un minimum de sérénité dans cette communauté de jeunes frappée par le drame », a-t-il mis en garde, rappelant que de telles menaces « constituent un délit passible d’emprisonnement ».