Panne des numéros d’urgence : ce que l’on sait des décès probablement liés à l’incident

Une panne aux conséquences désastreuses. Moins de 48 heures après le dysfonctionnement qui a empêché, pendant 7 heures environ mercredi soir, l’accès téléphonique aux numéros d’urgence, le Premier ministre Jean Castex déplore les décès de quatre personnes, vraisemblablement liés à cet incident.

« Nous déplorons des victimes qui sont susceptibles d’avoir été causées par ce grave incident », affirme ce vendredi le chef du gouvernement, à l’issue d’une nouvelle réunion de crise interministérielle.

Selon lui, ces décès suspects sont au nombre de « quatre, sous réserve évidemment de ce que diront les enquêtes, notamment les enquêtes judiciaires qui sont ouvertes ». En attendant, un audit « de contrôle de la sécurité et de l’intégrité du réseau et des services d’Orange » va être lancé, a annoncé le ministère de l’Intérieur, qui a fermé la cellule interministérielle de crise ouverte mercredi.

« Une surveillance renforcée restera cependant en place autant que nécessaire », a ajouté le ministère. Les conclusions de cet audit, piloté par l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (Anssi), sont attendues dans un délai de deux mois.



Les personnes décédées seraient un bébé en Vendée, un sexagénaire dans le Morbihan et deux personnes à la Réunion. A ces morts pourrait s’ajouter celle d’une femme de 54 ans dans les Bouches-du-Rhône.

Un bébé de deux ans en Vendée

Victime de difficultés respiratoires, un bébé de 28 mois est décédé jeudi matin dans la commune de Chavagnes-en-Paillers, en Vendée. Pour le préfet Benoît Brocard, ce « drame » est survenu « dans le contexte du dysfonctionnement national des numéros abrégés d’urgence ».

La préfecture s’est exprimée dans un communiqué pour adresser ses condoléances à la famille du jeune enfant et préciser qu’une enquête administrative a été ouverte pour faire toute la lumière sur ce drame.

De son côté, le parquet de La Roche-sur-Yon a ouvert vendredi une enquête pour « recherche des causes de la mort ». La procureure de la République, Emmanuelle Lepissier, a précisé qu’une « autopsie » de l’enfant serait pratiquée « rapidement ». Le parquet avait reçu jeudi soir « un signalement du centre hospitalier de La Roche-sur-Yon », a rapporté Mme Lepissier.

Selon le directeur de l’ARS des Pays de la Loire Jean-Jacques Coiplet, un premier appel a été reçu par le Samu à 8h21. La maman aurait tenté auparavant « pendant une heure de joindre sans succès le 18 puis le 15 ».

Un sexagénaire dans le Morbihan

Mercredi soir, dans les premières heures de la panne, une autre victime se trouvait en détresse, dans le Morbihan cette fois. À plusieurs reprises, l’épouse de cet homme de 63 ans a tenté de joindre le 15 et le 112. En vain. Elle a finalement transporté elle-même son mari au centre hospitalier de Vannes (Morbihan), mais l’homme est décédé entre-temps d’un arrêt cardiovasculaire. Là encore, une enquête administrative a été ouverte et le parquet de Vannes diligente des investigations en « recherche des causes de la mort ».

La direction de l’hôpital de Vannes invite à la prudence. Selon elle, « les éléments ne permettent pas de conclure de manière tranchée » à l’existence lien entre la panne subie par les numéros de secours et le décès de cet homme.

Deux personnes à la Réunion

Au même moment, à la Réunion, un homme est décédé d’un arrêt cardiorespiratoire. Son épouse avait, là encore, vainement tenté de joindre le Samu (15) « pendant une vingtaine de minutes », précise la préfecture dans un communiqué publié jeudi soir. « L’absence de contact direct entre l’épouse et le Samu du fait des problèmes de réseau n’aura pas permis de caractériser précisément la situation médicale de la victime avant l’engagement des secours », regrette la préfecture.

Un autre décès lié à la panne serait à déplorer à la Réunion, sans que plus d’informations n’aient été données pour l’heure. « Au cours de la nuit du 2 au 3 juin, deux décès ont été signalés par le Samu, a fait savoir jeudi la préfecture. Des investigations sont en cours pour déterminer si les difficultés à joindre les secours ont eu un effet sur la qualité de la prise en charge de ces deux personnes », a-t-elle indiqué.

Un cinquième décès suspect dans les Bouches-du-Rhône

Un cinquième décès pourrait s’ajouter à la dramatique liste des victimes de ce dysfonctionnement. À Aix-en-Provence, une femme de 54 ans souffrant d’hypertension artérielle et de diabète serait décédée après avoir tenté de joindre le Samu à plusieurs reprises, selon une source sécuritaire qui s’est exprimée auprès de notre rédaction.

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