« Que cela serve de leçon à tous les pervers misogynes dans le sport et à ceux qui leur lèchent les bottes. » Le début du message posté par Maddie Groves sur Instagram, jeudi soir, donne le ton. Plus question pour la nageuse australienne, double médaille d’argent aux Jeux de Rio en 2016, de se laisser « exploiter » par les « pervers misogynes » qui selon elle gangrènent le sport : elle annonce qu’elle ne participera pas aux JO de Tokyo, qui débuteront le 23 juillet.
La jeune femme de 26 ans, médaillée d’argent en 200 m papillon et en relais 4 x 100 m aux Jeux de Rio de Janeiro en 2016, claque la porte de la sélection australienne de natation pour cette compétition. Le processus de sélection en vue des JO doit démarrer ce samedi dans la ville australienne d’Adelaide, mais son indignation semble l’avoir emporté sur le reste.
« Vous ne pouvez plus exploiter les jeunes femmes et filles, leur faire honte de leur corps ou craindre pour leur santé et ensuite vous attendre à ce qu’elles vous représentent pour que vous puissiez gagner votre bonus annuel. C’est terminé ! », adresse-t-elle aux « pervers misogynes » qu’elle dénonce.
La goutte de trop ?
Maddie Groves ne donne pas d’indication sur l’identité des personnes visées. Elle s’était plainte en novembre dernier sur Twitter d’une « personne travaillant dans la natation qui me fait sentir mal à l’aise par sa façon de me dévisager dans mes fringues ».
Quelques jours plus tard, elle dénonçait un « commentaire sinistre » fait par un entraîneur non identifié, qui se serait par la suite rapidement excusé, « peut-être parce que le psychologue de l’équipe lui avait dit de le faire ».
Le président de l’organe directeur de la natation dans le pays Swimming Australia, Kieren Perkins, a de son côté regretté que la nageuse n’ait pas déposé de plainte formelle. « Tout ce que nous savons, c’est ce qu’il y a sur les réseaux sociaux. (Maddie) n’a à aucun moment contacté Swimming Australia », a-t-il regretté sur la chaîne télévisée Channel Nine.
Le patron de l’équipe nationale de natation a depuis fait savoir que l’Australie était « très concernée » par ce que dénonce la jeune femme. « Nous n’avons pas pu lui parler directement et parler de ses inquiétudes pour comprendre ce qu’il se passe », avait-il auparavant regretté.
« Une pause » mais pas d’arrêt définitif
« Malheureusement, des messages sur les réseaux sociaux ne représentent pas une plainte recevable pour nous. Nous devons nous asseoir avec les gens et en parler. Nous voudrions vraiment le faire et nous souhaitons que Maddie vienne et parle avec nous si elle pense pouvoir le faire. »
Il semblerait que ce soit depuis chose faite : Kieren Perkins a téléphoné à Maddie Groves pour discuter de la situation, fait savoir la chaîne nationale ABC Australia.
En dépit de son retrait, Maddie Groves précise qu’elle n’entend pas mettre un terme à sa carrière. « J’ai besoin d’une pause », dit-elle simplement dans un second post consécutif à son annonce. Et la jeune femme de préciser qu’elle a hâte de « participer à d’autres compétitions plus tard cette année ».