Ils n’en peuvent plus. En l’espace de deux semaines, deux incidents ont eu lieu dans le collège Simone-de-Beauvoir à Créteil. Inquiets, les parents d’élèves organisent ce mardi matin un rassemblement. « La revendication est claire : nous voulons alerter sur la détresse des familles dont les enfants sont victimes de violence, détaille Ouarda Iratni, présidente de l’association Parents de Créteil. Les parents sont en colère et inquiets de laisser leurs enfants aller à l’école, ils ont le sentiment qu’ils sont en danger. »
Exclu du réseau d’éducation prioritaire, l’établissement accumule depuis plusieurs années des incidents, malgré les changements de direction, et pâtit d’un manque de moyens selon les professeurs.
Fin mai, Rida, en classe de cinquième, est la victime collatérale d’une bagarre survenue dans les couloirs du collège, au moment de l’interclasse. Il reçoit une bouteille de gel hydroalcoolique dans l’œil. Conséquence : 80 % de sa cornée est brûlée. « Si mon fils avait été pris en charge correctement avant, les médecins m’assurent que les dégâts n’auraient pas été si importants », soupire Fatma, sa mère, encore sous le choc.
Ouarda Iratni, dénonce un « manquement au protocole sanitaire établi ». Selon elle, « le gel doit être mis par les enseignants sur les mains des élèves à chaque début de classe. » Il n’y aurait donc « aucune raison à ce qu’un élève puisse s’en emparer pour le jeter sur ses camarades », poursuit-elle. Mais problème : même si la cheffe d’établissement et l’infirmière reconnaissent n’avoir « pas été assez réactives », selon Ouarda Iratni, l’inspection donne un ton différent. « La mère de Rida a reçu un courriel de l’inspection qui dédouane toute la responsabilité de l’établissement. Ça n’a aucun sens ! », s’exclame la parent d’élève.
La mère du garçon se souvient encore la gorge nouée du moment où elle est venue chercher son fils : « Je l’ai retrouvé en pleurs devant le collège avec l’infirmière, il hurlait Maman, s’il te plaît, ramène-moi à l’hôpital. »
Audience avec la direction académique
Mais ce n’est pas tout : moins de deux semaines après ce premier incident, un élève de la même classe que Rida se retrouve « piétiné » à la sortie de l’établissement. La sonnerie de midi vient de retentir mardi 1er juin, et Malik quitte son collège pour rentrer déjeuner. Face à la cohue devant la grille, le jeune garçon tombe et se fait marcher dessus par ses camarades.
Selon Jessica, sa mère, il aurait appelé à l’aide un surveillant, en vain. « C’est un père de famille qui se trouvait à l’extérieur du collège qui est intervenu et a aidé mon fils, se désole-t-elle. Pendant plusieurs jours, Malik était traumatisé et appréhendait son retour à l’école. Il a peur de la foule maintenant » Aujourd’hui, les deux garçons, qui sont dans la même classe, sont pris en charge par leur professeur principal qui les suit dans leurs déplacements dans l’école.
Mais elle se souvient des remarques répétées de son fils avant l’accident : « Il me demandait souvent de le mettre dans un collège privé mais je ne comprenais pas pourquoi. En fait, c’est parce qu’il était insulté par des camarades. »
La direction académique assure que « les choses sont suivies avec beaucoup d’attention », et qu’une audience cette semaine doit réunir le chef d’établissement, la proviseur de la vie académique, ainsi que la délégation des parents d’élèves, dans le but de discuter de ces incidents.