Seine-et-Marne : Dammarie-les-Lys, 7e ville à se doter d’espaces sans tabac

La guerre au tabac se poursuit sous l’impulsion de la Ligue départementale contre le Cancer. Après Pontault-Combault, première ville seine-et-marnaise à interdire en 2014 la cigarette dans un jardin public (avant la législation Marisol Touraine de 2015), puis Mormant en 2019 avec le label Espace sans tabac (EST) de la Ligue 20 mètres devant ses écoles, Verneuil-l’Etang, Boissy-le-Châtel, Fontainebleau et Melun, c’est Dammarie-les-Lys qui rejoint le 1er juin cette liste de communes soucieuses de la santé publique.

Avec ses huit groupes scolaires, ainsi que son parc Soubiran et celui situé derrière la mairie, elle a créé à elle seule dix-huit espaces sans tabac, ce qui porte à 53 le nombre de zones ainsi définies en Seine-et-Marne. C’est moins que l’Essonne (87) ‚ mais mieux qu’en Seine-Saint-Denis (29). Paris en compterait 34 auxquels s’ajoutent les espaces sans tabac dans une cinquantaine de parcs et jardins de la capitale.

« Après l’interdiction votée par le Parlement en 2007 de fumer dans les lieux comme les bars, les restaurants et les entreprises, l’idée est d’étendre ces restrictions aux espaces extérieurs fréquentés par les plus jeunes pour ne pas les inciter à fumer par mimétisme et pour réduire leur exposition au tabac », justifie Natacha Moussard, élue déléguée à la santé à Dammarie et infirmière de métier. De fait, selon la Ligue départementale contre le cancer, 75 000 Français décèdent chaque année prématurément du tabagisme dont 37 000 du cancer. 200 000 mineurs commencent à fumer chaque année également.

« Ces espaces permettent aussi de réduire l’initiation au tabagisme des jeunes et encourager l’arrêt du tabac, mais aussi de préserver l’environnement (plages, parcs, squares, etc.) des mégots de cigarettes et des incendies. Avec les produits qu’il contient, un mégot peut polluer 500 litres d’eau ! », précise Nadine Delcroix, directrice de la Ligue départementale. Elle ne considère pas Pontault-Combault comme une ville ayant le label EST car le décret sur l’interdiction de fumer dans les parcs avec aires de jeux est national…

« Cela risque de raviver les tensions avec la police municipale »

Le programme national de lutte contre le tabac (PNLT) 2018-2022 s’est fixé des objectifs ambitieux : abaisser à moins de 22 % la part des fumeurs quotidiens chez les 18-75 ans et à moins de 20 % la part des fumeurs quotidiens chez les adolescents de 17 ans d’ici 2022. Et faire que d’ici 2032, les enfants nés depuis 2014 deviennent la première génération d’adultes non-fumeurs (qu’il y ait donc moins de 5 % de fumeurs).

Qu’en pensent les parents d’élèves croisés ce mardi à Dammarie devant l’école maternelle Saint-Exupéry ? « Ça nous arrange bien pour la santé des enfants », sourit Nabila, non fumeuse. « C’est bien car fumer devant les écoles ne montre pas un bon exemple aux petits. Le mimétisme, ça existe », commente Sofiane, fumeur. En revanche il comprend mal que ce soit imposé dans certains parcs.

« C’est dû au comportement d’une minorité qui ne fait pas attention et cela retombe sur l’ensemble de la population… Cela risque de raviver les tensions avec la police municipale. Entre le Covid, les problèmes économiques, ce n’est pas le moment de rajouter encore des règlements… »

Au contraire, une enseignante de l’école Saint-Exupéry « regrette que la zone soit limitée à l’entrée du portail et ne s’étende pas le long des grilles de l’école de chaque côté. Ce serait plus efficace ».

Quid de l’amende fixée pour tout contrevenant à l’arrêté municipal d’interdiction de fumer devant les écoles, le parc Soubiran et le parc de la mairie ? A Mormant, elle était fixée par le maire à 17 euros. A Melun, elle s’élève à 68 euros ! « Cela date de fin 2019. On a demandé à faire de la prévention au début. Puis il y a eu les confinements… », commente-t-on au cabinet du maire.

A Dammarie, après une période de sensibilisation et de pédagogie à l’égard des fumeurs invétérés, gare aux PV ! Pour l’instant, on ignore encore son montant qui ne figure pas dans l’arrêté du maire.