Yvelines : il menace de mort «comme Samuel Paty» la juge de son divorce

La vengeance peut parfois prendre un visage anonyme. Les enquêteurs du commissariat de Versailles ont élucidé lundi 31 mai une affaire de menaces de mort en la rapprochant d’une seconde remontant à… deux ans et demi.

Les 18 et 20 mai derniers, une juge aux affaires familiales du tribunal de Versailles a reçu deux courriers anonymes la menaçant de la tuer « comme Samuel Paty », le professeur assassiné le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine. Des inscriptions antisémites étaient également relevées sur les lettres. La juge a immédiatement porté plainte et tenté d’apporter des éléments aux enquêteurs sur les administrés pouvant lui en vouloir dans le cadre de ses fonctions.

« Elle ignorait qui pouvait envoyer ces courriers, mais elle nous a communiqué le nom de six individus avec lesquels elle avait récemment eu des entretiens houleux », confie une source policière.

Les dossiers de la magistrate examinés

Le Groupe des atteintes violentes du commissariat de Versailles, chargé de l’enquête, a mis tout en œuvre pour identifier rapidement le responsable des menaces anonymes. Recherches auprès de la Poste, des services d’état civil et de centres pénitentiaires où deux suspects étaient incarcérés… l’enquête n’avait pas permis, dans un premier temps, d’élucider les faits et de remonter à l’auteur des lettres.



Elle s’est accélérée à l’issue de la visite des enquêteurs au cabinet de la juge. L’idée était d’examiner les dossiers de la magistrate afin de comparer les deux courriers menaçants avec les échantillons d’écriture contenus dans ses archives. Parallèlement, les lettres ont été remises au Service régional de l’identité judiciaire (SRIJ) afin de déceler des traces exploitables, même si les courriers avaient été manipulés par de nombreux personnels du tribunal.

Une avocate déjà menacée en 2018

Une fonctionnaire du SRIJ, en comparant les deux courriers, a finalement opéré un rapprochement avec des lettres similaires reçues par une avocate versaillaise en octobre 2018. Cette dernière soupçonnait à l’époque le mari très virulent d’une de ses clientes dans le cadre d’une procédure de divorce. Il s’est avéré que la juge ciblée par les courriers injurieux, possédait dans son cabinet le dossier de divorce concernant ce couple.

Forts de ces soupçons, l’ex-mari était interpellé au sein d’un foyer à Mantes-la-Jolie le 29 mai dernier par les enquêteurs versaillais. Auditionné à l’hôpital, son état de santé étant jugé incompatible avec une mesure de rétention dans les locaux de Police, il a reconnu avoir écrit et envoyé ces courriers anonymes à l’avocate puis à la juge des affaires familiales. Il a justifié son double geste en expliquant mal vivre son divorce et s’être retrouvé sans logement lorsque son domicile avait été attribué à son ex-compagne.

Inconnu des services de police, il a été déféré lundi 31 mai et jugé en comparution immédiate. Il a été condamné à un an de prison avec sursis, son discernement ayant été « jugé altéré » par les magistrats.

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