Projet de coupe d’arbres au Neubourg : un dialogue à couteaux tirés
Le bras de fer qui oppose municipalité et associations au sujet de l’allée du Champ de Bataille du Neubourg aurait-il laissé place au dialogue ? Ce lieu classé est très prisé des habitants du Neubourg, mais les hêtres qui le bordent sont dans un « état sanitaire global très médiocre », selon la mairie qui, contactée, refuse toujours de s’exprimer.
Les différentes parties dans ce dossier très médiatisé ont peut-être fait une avancée en se retrouvant autour de la table mercredi 12 mai, mais pour une réunion « de travail » sans prise de décision, à laquelle ont également participé la Préfecture, l’Office national des forêts (l’ONF) et l’architecte des bâtiments de France.
Pour rappel, selon un diagnostic de l’ONF, une cinquantaine d’arbres de cette allée, sur un alignement de 167, sont malades. La municipalité avait annoncé en octobre 2020 vouloir les abattre en totalité, pour les remplacer par une essence plus résistante à la chaleur. Face à la levée de boucliers que cette annonce a suscitée et à des menaces de poursuites, le projet municipal semble avoir été mis sur pause et l’allée, présentée comme dangereuse, est aujourd’hui fermée au public.
Des associations pas sur la même ligne
Le 12 mai dernier, Le Neubourg a donc reçu la visite de représentants de la FNEN (France Nature Environnement Normandie), de la LPO (Ligue de protection des oiseaux), du GNSA (Groupement National de Surveillance des Arbres) et de l’ASPPAR, qui défend les alignements d’arbres. Des organismes pas toujours sur la même ligne de combat.
Protection de la biodiversité, préservation de l’esthétique du paysage, conservation d’une ouverture de l’allée au public… chaque association a son cheval de bataille. « Du côté de la LPO, notre première idée est de ne couper aucun arbre pour préserver la biodiversité et de les laisser vieillir sans intervention, en fermant l’allée au public pour éviter les accidents », confie Jean-Pierre Frodello, directeur de la LPO Normandie, l’organisme qui réalise depuis avril 2021 et jusqu’en août prochain l’inventaire des espèces présentes sur place.
Ce recensement concerne notamment les chauves-souris, les plantes présentes aux pieds des arbres, les micromammifères et les insectes xylophages. « Quand il sera terminé, nous aborderons les préconisations. Il est aussi possible qu’on conseille à la mairie d’éliminer quelques arbres. La municipalité est en tout cas sur une ligne d’ouverture et essaye d’avoir une vision globale avant de prendre une décision ».
Avis diamétralement opposé pour d’autres associations qui ne se sentent pas écoutées : « La rencontre n’a pas servi à grand-chose et j’ai le sentiment qu’il s’agit juste d’associer des gens pour des avis techniques », analyse pour sa part André Berne, de France Nature Environnement, une association qui préconise la coupe des seuls 33 arbres malades. « On ne comprend toujours pas cette volonté de tout détruire. Tout couper parce qu’il y a des champignons qui évoluent très lentement, ça n’a pas de sens. » De nouvelles rencontres pourraient se tenir avant l’été.